Gideon Levy, intellectuel renommé de 62 ans, et Mitri Raheb, prédicateur luthérien de Bethléem, mènent un « combat courageux et indéfectible contre l’occupation et la violence, et pour un avenir au Proche-Orient caractérisé par une coexistence pacifique et l’égalité entre tous », affirme le jury suédois.
« Ils apportent tous deux une lumière d’espoir dans un conflit dont ont souffert et continuent de souffrir des millions de personnes et qui met en danger la paix mondiale », estime-t-il.
« Ce prix est important car c’est une forme de reconnaissance, que je n’ai que très peu dans mon pays, a confié Gideon Lévy à notre correspondante à Jérusalem, Murielle Paradon. C’est une reconnaissance de l’étranger. Et ce n’est pas pour moi personnellement mais c’est pour la cause que je défends. Cette cause c’est de raconter l’occupation israélienne (des territoires palestiniens) au public israélien. Et cette cause est très impopulaire en Israël. Le pays est devenu ces dernières années de plus en plus nationaliste, raciste et militariste. »
« Pas d’autre choix que de continuer mon travail »
Figure controversée de la cause palestinienne dans son pays, Gideon Levy a publié des textes au vitriol contre les opérations de l’armée israélienne à Gaza en décembre 2008-janvier 2009 et en juillet-août 2014. Il signe chaque semaine depuis 25 ans dans son journal la chronique Twilight Zone (zone grise) sur la vie quotidienne en Cisjordanie et à Gaza. « Je ne peux pas mesurer l’impact des histoires que j’écris. Elles sont publiées pour rappeler aux Israéliens qu’il existe une occupation brutale juste à côté de chez eux », poursuit Levy. « Vous savez, peut-être que ça aura un effet sur le long terme, ou au moins un petit impact. Mais je n’ai pas d’autre choix que de continuer à faire mon travail. »
Théologien de renom, auteur prolifique, Mitri Raheb préside le Synode de l’Eglise évangélique luthérienne en Jordanie et en Terre sainte, où il oeuvre pour le respect inter-religieux en particulier auprès des jeunes.
Le Fonds à la mémoire d’Olof Palme, du nom de l’ancien Premier ministre suédois assassiné en février 1986, honore chaque année des personnalités engagées pour la paix et le désarmement ou dans la lutte contre le racisme et la xénophobie. Créé en 1987, le prix Olof Palme est doté de 75 000 dollars.